9,58 secondes. Ce chiffre n’a jamais été effacé du tableau d’affichage depuis 2009, année où Usain Bolt a bouleversé la planète athlétisme à Berlin. Depuis, personne n’a franchi la ligne des 100 mètres en moins de 9,70 secondes, rappellent les dernières statistiques de la World Athletics. Pourtant, dans les stades et sur les pelouses, la course au record n’a pas dit son dernier mot. D’autres disciplines, d’autres athlètes, se rapprochent parfois, sur le papier, de la vitesse supersonique du Jamaïcain. Alors, les comparaisons commencent, les espoirs s’aiguisent. Peut-on vraiment rivaliser avec l’homme le plus rapide de l’histoire ?
Les records du 100 mètres : une histoire de vitesse et de légendes
Il suffit de prononcer “100 mètres” pour convoquer des décennies de duels, de courses folles, de visages marqués par l’effort. Cette épreuve, reine de l’athlétisme, a vu défiler les géants du sprint mondial. Carl Lewis, Maurice Greene, Asafa Powell… Tous ont laissé une trace, mais aucun n’a bousculé les codes comme Usain Bolt. Aux Jeux olympiques et lors des championnats du monde, le Jamaïcain a imprimé sa marque : une domination insolente, une gestuelle unique, et ce record du monde gravé à 9”58, indétrônable depuis plus d’une décennie.
La quête de vitesse pure hante les pistes comme un mirage. Les chiffres sont implacables : seuls huit hommes ont jamais couru sous les 9”80. Ce chiffre n’est pas qu’un record, il incarne le seuil de l’impossible, la récompense d’années de travail acharné et d’une préparation réglée à la seconde près. Derrière chaque chrono, il y a une somme de détails, de sacrifices, de choix techniques. Les grandes finales olympiques se jouent sur des fragments d’instant : explosion à la sortie des starting-blocks, gestion de la pression, relâchement final. Les sprinteurs le savent, la moindre hésitation se paie cash.
Le 100 mètres raconte aussi une succession d’exploits : records battus, triomphes arrachés, médailles qui changent une carrière. Pourtant, malgré le niveau toujours plus relevé des derniers championnats, la “barrière Bolt” demeure, presque insolente. Le plateau des finalistes n’a jamais été aussi dense, mais le sommet reste hors d’atteinte.
Il arrive souvent qu’on compare la vitesse d’un joueur de Premier League ou d’une star du football à celle des sprinteurs. Mais sur la piste, le verdict est sans appel. La gestion de l’effort, la technique du départ, la résistance à la pression : le 100 mètres exige une maîtrise totale. Le record du monde ne s’attrape pas au détour d’une accélération, il se construit, il se gagne.
Qui sont les athlètes les plus rapides face à l’empreinte laissée par Usain Bolt ?
Le temps passe, mais l’ombre de Bolt continue de planer sur les pistes du monde entier. Ses deux records du monde, 9”58 sur 100 mètres et 19”19 sur 200 mètres, restent des sommets que personne n’a encore approchés de près. Pourtant, l’athlétisme n’a jamais cessé de renouveler son vivier de talents.
Dans le cercle des prétendants, l’Américain Christian Coleman s’est hissé au rang de rival crédible. Champion du monde du 100 mètres en 2019, il a claqué un 9”76, ce qui le place parmi les rares à avoir vraiment inquiété la hiérarchie. Trayvon Bromell, autre Américain, s’est approché des 9”80, tandis que Fred Kerley, sacré champion du monde en 2022, accumule les chronos impressionnants sur la scène internationale.
L’Afrique tient son rang avec Akani Simbine, le Sud-Africain finaliste des grands rendez-vous, qui a porté son record personnel à 9”84. Et en Australie, Rohan Browning incarne la relève, même si son meilleur temps reste pour l’instant à distance du mythe Bolt.
Chaque génération tente sa chance, se rêve en tombeur du roi. Les résultats des derniers Jeux olympiques en témoignent : le fossé subsiste, la marque jamaïcaine résiste à toutes les offensives.
Kylian Mbappé et les outsiders : peut-on vraiment rivaliser avec les sprinteurs de l’élite ?
Sur le gazon, Kylian Mbappé fait figure de météore. Sa vitesse, balle au pied, fait vaciller les défenses d’Europe. Lors d’un match contre la Real Sociedad en Ligue des Champions, il a été chronométré à 37 km/h. Depuis, les comparaisons s’enchaînent, et la France s’enflamme pour ce phénomène qui avale les mètres sans jamais donner l’impression de forcer.
Mais il y a un monde entre sprinter sur une pelouse et défier les lois de la physique sur la piste. Le départ arrêté, l’explosion dès le coup de feu, la précision technique : tout change sur 100 mètres. Les 9”58 de Bolt restent hors d’atteinte, même pour un génie du football. Les analyses estiment que le meilleur temps théorique de Mbappé sur 100 mètres, extrapolé à partir de ses accélérations, tournerait autour de 10”90. C’est rapide, très rapide, mais encore loin des standards de l’élite mondiale.
Derrière Mbappé, d’autres sportifs se distinguent par leur capacité à accélérer : le rugbyman sud-africain Cheslin Kolbe, les footballeurs Adama Traoré ou Alphonso Davies. Tous cumulent les sprints foudroyants, mais franchir la barre mythique des 10 secondes, celle qui ouvre les portes du club des sprinteurs de légende, relève d’un autre univers. Être rapide sur un terrain, ce n’est pas la même chose que dominer une piste olympique. Les règles, les exigences, la pression : tout y est différent.
Au-delà du chrono, ce que ces comparaisons révèlent sur la fascination pour la vitesse
Impossible d’y échapper : la vitesse captive. Sur les réseaux sociaux, chaque pointe de Kylian Mbappé, chaque split d’un sprinteur, devient l’objet de discussions infinies. Les chiffres s’affichent partout, les images font le tour du globe, et le débat se nourrit de chaque dixième de seconde arraché au chronomètre. Le public guette la moindre performance, chaque exploit devient un marqueur, une référence à dépasser.
Si cet engouement persiste, c’est parce que la comparaison entre athlètes va bien au-delà de la rivalité de disciplines. Elle répond à un besoin de classement, de mesure, d’établir des repères à travers des exploits difficilement comparables. Football et athlétisme ne jouent pas avec les mêmes règles, mais la question demeure : qui va plus vite, qui tutoie la légende, qui pourrait rêver d’une finale olympique ? Les statistiques deviennent des trophées ; chaque vidéo, une pièce au dossier.
Pourquoi cette obsession ?
Voici quelques raisons qui alimentent sans relâche cette fascination :
- La vitesse brute, c’est la démonstration d’une puissance immédiate, d’une forme de supériorité qui frappe les esprits. Elle a ce pouvoir de suspendre le temps, que ce soit dans un stade de Ligue 1 ou sur la piste d’un championnat du monde.
- Les Jeux olympiques incarnent l’apogée de la performance humaine. S’approcher du chrono de Bolt, s’imaginer rivaliser avec les plus grands, cela reste un rêve collectif, même pour ceux qui brillent dans leur propre sport.
À Paris, à Londres, à New York, les idoles se multiplient et les anecdotes de vitesse circulent de vestiaire en vestiaire. Mais la piste, elle, ne ment jamais. Défier Usain Bolt sur 100 mètres, c’est affronter une frontière presque mythique, et mesurer, au passage, l’écart qui sépare l’humain du phénomène. La prochaine légende du sprint n’est peut-être pas encore née, mais la fascination, elle, ne ralentit pas.